Ce projet constitue un hommage au travail de pionnier de Louis-Edmond Hamelin.
Malgré son importance et son utilisation notable tant par les scientifiques que par le grand public (Graham 1990, Brunelle 1989, Committo 2016), l’indice de Louis-Edmond Hamelin n’a pas été mis à jour depuis sa création (Simard 2017). Or, les changements climatiques, le développement des ressources et la mondialisation des échanges affectent de manière importante les régions nordiques et ces phénomènes sont donc de nature à modifier les frontières tant physiques qu’humaines du monde nordique (Committo 2016).
La mise à jour cet indice afin de mieux mesurer l’impact de ces phénomènes sur la nordicité québécoise et internationale devient donc nécessaire. Ce travail nous permet aussi de prendre en compte les critiques qui lui ont été adressées au fil du temps. Ainsi, on a reproché aux VAPO de définir le Nord par le Sud en conférant un caractère nordique aux étendues peu peuplées et ayant un faible développement économique. Les communautés nordiques seraient ainsi appelées à perdre leur caractère nordique plus leur développement économique serait important (Simard 2017). Certains indices physiques sont aussi co-dépendants, tels le froid annuel, le type de pergélisol et la couverture végétale. Cette co-dépendance contribue à augmenter l’indice de nordicité d’une communauté située en climat froid, et inversement. (Vaguet, Couillet & Colange 2017)
D’autres mesures et indicateurs ont été mis en place afin de rendre compte de certains facteurs de bien-être social ou physique. Par exemple, la mesure d’éloignement et d’accessibilité développée par Statistiques Canada (Alasia et al. 2017) prend en compte la distance géographique, le temps de déplacement par rapport à d’autres centres géographiques ainsi, que le niveau de population et les services disponibles dans la communauté et les agglomérations proches. Cet indice a toutefois pour principale limite de ne considérer l’éloignement que sous un angle géographique par rapport à d’autres centres et ne prend pas en compte les éléments climatiques ou sociaux liés à l’éloignement. Parallèlement, l’indice de bien-être communautaire (IBC) développé en 2004 est utilisé par le Ministère des Affaires autochtones et du Nord, pour mesurer certains indicateurs relatifs à la santé socio-économique des communautés, mais laisse de côté les indicateurs sanitaires, environnementaux et culturels reliés aux bien-être (Bouchard 2018). Ces indices restent donc incomplets, ne mesurant que certains aspects de l’éloignement ou du bien-être des communautés et ne prenant pas en compte la nordicité dans son ensemble.
Plus généralement, malgré la disponibilité de ces indices et la quantité de données récoltées sur les communautés autochtones au Canada et dans le monde, les données ne sont souvent pas accessibles aux communautés, ne sont pas disponibles pour les petites communautés ou encore ne sont pas comparables entre les communautés autochtones et non-autochtones (Trevethan 2019).
Les critiques adressées au modèle de Louis-Edmond Hamelin et les limites des autres indices montrent la pertinence de bonifier l’indice afin de mieux mesurer la nordicité tant au niveau humain que physique et de répondre aux besoins des populations nordiques. Ainsi, l’indice VAPO est le seul indicateur permettant d’avoir des données longitudinales et multiscalaires sur la nordicité. Plus important encore, seuls les VAPO permettent de mesurer la nordicité à l’échelle circumpolaire et dans des contextes très variés, ce qui n’est pas le cas de l’IBC et de l’indice d’éloignement (Vaguet 2019; Vaguet, Couillet & Colange 2017). Ainsi, s’il convient d’adapter l’indice afin de répondre à ces critiques, sa bonification permettant ainsi la comparaison entre les communautés et les régions nordiques autour du globe.
Ce projet permet également aux organismes publics, parapublics ainsi qu’aux promoteurs privés de se doter d’outils pertinents afin de mesurer l’impact potentiel de projets sur les communautés et d’adapter différents programmes sociaux et de planification territoriale aux réalités des communautés. Par ses volets environnementaux, sociaux et économiques, l’indice peut être pertinent pour une diversité d’acteurs et s’adapter à leurs projets et à leurs besoins de mesure. Finalement, l’indice est également un des rares outils permettant la comparaison tant nationale qu’internationale, ce qui permet aux différents acteurs de développer des projets pertinents localement et internationalement et de mieux mesurer les différences régionales.
https://experience.arcgis.com/experience/0dc97614aa5e435c875943aebf17647...